Harcèlement moral : ce pervers polymorphe…
Nombreux sont les clients qui viennent vers mon Cabinet car leur médecin ou encore un psychologue a diagnostiqué qu’ils étaient victimes de harcèlement moral.
Lorsqu’ils entrent à mon Cabinet, ils sont souvent détruits psychiquement et comme étrangers à ce qui leur est arrivé.
Ils peinent à mettre en mot le mal qu’ils ont subi tant il est polymorphe.
Ils parlent de mise à l’écart, d’acharnement, de pression … mais cela reste parfois flou tant ils l’ont subi jour après jour et parfois, hélas, s’y sont-ils habitués.
Car oui, on peut s’habituer à la souffrance au travail et au harcèlement moral.
Alors, pour leur permettre de mettre en mot et de qualifier leur souffrance, je leur demande s’ils ont subi certains ou tous les faits suivants de manière répétée :
- dénigrement ?
- isolement ?
- campagne de rumeurs sur votre compte ?
- décrédibilisation en réunion ?
- injonction contradictoire ? ou paradoxale ?
- menaces ?
- violences verbales ?
- violences physiques ?
- fixation d’objectifs volontairement flous ?
- défiance ?
- surcharge volontaire de travail ?
- surveillance permanente ? contrôle injustifié et oppressant ?
- annulation congés au dernier moment ?
- disparition de la communication verbale ?
- retrait des fonctions, prérogatives ?
Naturellement, ne vous y trompez pas, avoir subi une fois un des faits susvisés ne constitue pas en soi un harcèlement moral.
En effet, pour mémoire, la loi nous dit bien qu’il doit s’agir de faits répétés (article 1151-1 du Code du travail).
Par ailleurs, le stress inhérent à un emploi ne doit pas être confondu non plus avec un harcèlement moral.
Face à ce type de dossier, l’Avocat doit alors ‘ sentir ’ lors du premier rendez-vous si oui ou non le client a fait l’objet d’un véritable harcèlement moral.
C’est évidemment une part de la mission d’Avocat.
Cette liste de questions et les réponses qui y sont données, permettent de dessiner les contours de la situation subie par les clients qui me consultent.
Très souvent, chez mes clients qui ont effectivement fait l’objet d’un harcèlement moral, on lit une forme de libération mêlée à un grand abattement lorsque, hélas répondant presque ‘ oui ’ à chacune de mes questions et avec force exemples et détails, ils réalisent que, comme leur a dit leur médecin et/ou comme ils le pressentaient, ils ont bel et bien été victimes d’un harcèlement moral.
Ils sont dans l’incompréhension, se demandent alors pourquoi cela leur est arrivé … Pourquoi eux ?
En réponse à cette question ô combien complexe, je leur rappelle simplement qu’il n’y a pas de profil type du harcelé.
Ainsi, le harcèlement moral fait des victimes tant chez les hommes que chez les femmes et tant chez les jeunes que chez les moins jeunes …